L'EAI est une plate-forme qui permet de réunir les applications existantes d'une entreprise autour d'un moteur d'intégration d'applications commun (le middleware). Il se charge des échanges de données entre-elles.
L'EAI permet de fédérer des applications qui n'avaient pas été conçues pour dialoguer entre-elles, il limite le nombre des interfaces et facilite l'évolution du système.

Ses fonctionnalités sont donc triples :

• la connexion aux applications,
• la conversion des informations dans un langage commun,
• le transport des informations, de l'application émettrice à l'application réceptrice.

Pour fonctionner, l'EAI intègre les éléments suivants :

• un référentiel des objets métier de l'entreprise (ou du process),
• un moteur de gestion de règles,
• des connecteurs applicatifs permettant l'interface avec les applications et les données de l'entreprise,
• un système de transport des informations.

Pour le transport des informations, on parle de :

• hub : le point central ou convergent les informations du système,
• middleware : d'une manière générale, la couche logicielle qui s'intercale entre des applications et un système,
• MOM (middleware orienté messages) : il s'agit d'une organisation où une application A n'attend pas la réponse de l'application B, avec laquelle elle communique, pour continuer à travailler. Dans ce cas, les communications sont gérées à l'aide de files d'attente, la communication est asynchrone.
• message broker : le système qui traduit les données échangées, gère les adresses et les files d'attentes des messages porteurs d'informations entre les applications.

L'EAI d'infrastructure correspond à une refonte globale du Système d'Information autour d'un backbone EAI avec mise en oeuvre d'un MOM (Middleware Orienté Message) et d'un format-pivot de type XML.
C'est un projet structurant pour les grandes entreprises et son déploiement peut s'étendre de 1 à 3 ans.

L'EAI tactique répond à un besoin de mise en oeuvre d'une solution d'intégration rapide. Il apparaît dans le cadre de projets concrets de gestion de flux de type interface, alimentation d'infocentre, transfert de fichiers et échanges B2B-EDI, automatisation, e-business, supervision...
Un EAI tactique ne nécessite pas de modifier l'architecture du SI ni les applications qu'il intègre.
Pour les grandes entreprises, EAI d'infrastructure et EAI tactique sont complémentaires.

La valeur de l'EAI se situe à trois niveaux :

• l'EAI permet un accès universel et un partage de toutes les données et composants d'un système d'information, qu'ils soient normalisés, propriétaires ou incompatibles.
• l'EAI nécessite peu ou pas de modifications des applications ou structures de données qu'il intègre.
• une architecture EAI n'est pas figée. Elle constitue un socle évolutif, réutilisable et dynamique suivant en cela l'évolution des besoins métier spécifiques comme les évolutions structurelles de l'entreprise.

Dans les faits, l'EAI étend son domaine d'application de la collaboration intra-entreprise à la collaboration inter-entreprises (B2B), depuis le transfert de données jusqu'à la gestion des flux liés aux processus métier, et constitue ainsi l'élément technologique central de l'entreprise globale.

La spécialisation des métiers et la complexité croissante des besoins entraînent une multiplication d'applications spécialisées répondant précisément à ces besoins au sein d'une même entreprise.
Plus les applications sont spécialisées, plus leur mise en oeuvre nécessite leur intégration et le partage de données avec d'autres applications.

Les ERP ne peuvent couvrir tous les besoins d'une entreprise. Leur ouverture et leur capacité à s'intégrer avec d'autres applications ou d'autres systèmes devient un atout.
L'EAI permet d'appliquer la politique du " Best of Breed ", à savoir la possibilité de choisir le meilleur produit par métier sans se préoccuper de son intégration.

La CRM (gestion de la relation client), elle-même subdivisée en gestion des campagnes marketing, gestion des forces de vente, gestion des centres d'appel, analyse et connaissance client ... accroît son efficacité dans le partage des données. Elle ouvre la perspective d'une intégration avec la gestion de la chaîne logistique et, vers l'e-business, avec l'interconnexion des clients, fournisseurs et partenaires.

L'intérêt et la performance des intranets et des portails résident dans le volume et la qualité des informations qu'ils diffusent.
Leur développement est rendu possible par l'EAI qui permet d'intégrer toutes les informations provenant d'applications de "front end" et de "back end".

L'environnement économique, la multiplication de la concurrence, la réduction du cycle de vie des produits font que les processus métiers sont marqués par trois phénomènes convergents :

• réduction de leur durée de vie,
• besoin de souplesse guidée par le besoin d'être capable de modifier ses règles métiers en temps réel sans délai,
• recherche d'automatisation de ces processus.

L'EAI est l'une des briques technologiques permettant de répondre à ces attentes par :

• l'intégration de toute nouvelle application ou de toute mise à jour d'une application en un délai réduit,
• une complémentarité technologique à l'ouverture et à l'intégration des chaînes ERP,
• la création d'une vue unifiée des informations, accessible selon les systèmes, dans les applications de gestion, les applications analytiques, les intranets ou les portails.
• la création d'entreprises virtuelles ou des chaînes " métier " virtuelles grâce aux partages de données et de flux entre tous les acteurs intervenants.
• la réduction considérable des délais d'intégration de nouvelles données ou de refonte des processus, rendant compatible la réactivité du système d'information avec les exigences opérationnelles ou stratégiques de l'entreprise.

La notion d'EAI voisine donc avec d'autres concepts :

• avec les ETL : bien que différent dans son objectif, il assure comme un ETL, la connexion aux systèmes d'information et la conversion des informations,
• avec les workflows : puisqu'il assure le suivi des processus sur des systèmes pré-existants,
• avec le BPM à qui il peut fournir, comme l'ERP, une plate-forme opérationnelle idéale,
• enfin, avec les applications sectorielles (CRM, SCM...) qui exigent un minimum d'intégration des processus.

Il existe des plates-formes purement EAI, toutefois :

• applications interfacées EAI, applications distribuées (Corba, EJB, .Net...) et services Web ont des comportement voisins,
• middleware, plate-forme J2EE, .Net et orchestration Web répondent à des besoins similaires de connexion et de coordination d'applications semblables.

Il est donc normal, que non seulement les principes, mais aussi les outils soient désormais mis en commun dans ces trois technologies.
A terme, les standards des services Web, basés sur XML, seront très probablement le langage commun de beaucoup d'organisations de système d'information.