Navya est une entreprise lyonnaise spécialisée dans les navettes autonomes. Faute de fonds, elle se retrouve dans l’incapacité de faire face à ses obligations de paiement et a demandé un redressement judiciaire.

Navya a été fondée en 2014, à Lyon, par l’acquisition d’Induct, entreprise développant un minibus électrique sans chauffeur, tandis que cette dernière était en liquidation. Navya a notamment commercialisé la Navya Arma, une navette électrique et autonome, mais avec chauffeur. En 2020 elle était parvenue à faire rouler une navette autonome de niveau 4, c’est-à-dire sans opérateur, pour la première fois.

Ces succès technologiques ne se sont cependant pas traduits en succès commerciaux. Ainsi, l’entreprise a connu des pertes s’élevant à 24 millions d’euros au cours des exercices fiscaux 2020 et 2021. Faute de clients, l’entreprise avait cherché de nouveaux investisseurs afin de sortir la tête de l’eau. Au cours de l’été 2022 le groupe Negma, originaire de Dubaï, avait ainsi investi 36 millions d’euros dans l’entreprise. Cela n’aura toutefois pas été suffisant. Dans l’impasse, l’entreprise a demandé l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire. Cette dernière pourrait aboutir à la mise en place d’un plan de rééchelonnements du passif dans le meilleur cas, tout comme à une cessation partielle de l’entreprise ou une liquidation judiciaire dans le pire des cas. C’est le Tribunal de Commerce de Lyon qui est chargé du jugement de cette affaire. Le jugement du Tribunal déterminera également si l’entreprise peut poursuivre son activité durant la procédure de redressement ou non.

Navya a également demandé la suspension de son cours à Euronext. En effet, l’entreprise cotée en bourse a vu sa valorisation chuter de 92% au cours des six derniers mois, atteignant une valeur quasiment nulle de 0,03€. L’entreprise a déclaré qu’elle pourrait ne jamais être cotée à nouveau. Navya n’est pas la première entreprise du secteur des véhicules autonomes à rencontrer des difficultés économiques, ni en France, ni à Lyon. Ainsi, en septembre dernier, Argo AI, start-up lyonnaise développant des voitures autonomes, a fait faillite. Elle souhaitait commercialiser des taxis autonomes et avait pourtant été financée par Volkswagen et Ford à hauteur de 2,6 milliards d’euros. Alors que les solutions de conduites autonomes sont encore en développement, ce secteur est très loin d’être rentable. S’il existe, c’est uniquement grâce à l’argent des investisseurs qui croient dans le potentiel de ces solutions. Cependant, le contexte économique a amené ces derniers à revoir les projets qu’ils souhaitent financer. Le secteur des véhicules autonomes, jugé fort risqué avec un retour sur investissement incertain, est une victime directe du changement de contexte économique.