Les fournisseurs d’accès internet européens souhaitent partager l’addition des infrastructures avec les géants de la Tech. Et pour cause, ces dernières représentent plus de 50% du trafic web.

Orange, Telefonica, Deutsche Telekom et 13 autres FAI ont co-signé un document demandant à ce que les géants de la Tech prennent en charge une partie des frais d’infrastructure de la 5G et de la fibre optique. Selon l’ETNO, lobby européen des opérateurs de télécommunications, ces entreprises représentent à elles seules plus de la moitié de la bande passante du web. Pour les FAI, il semble donc normal qu’elles assument une partie des coûts relatifs à l’entretien et au développement de cette bande passante sur laquelle repose leurs services.

Dans l’Union Européenne, les FAI investissent déjà 50 milliards d’euros dans les infrastructures par an afin de développer la 5G et la fibre optique. Cette addition pourrait considérablement augmenter en considérant les nouveaux prix du matériel. En effet, le prix des câbles de fibre optique a quasiment doublé au cours du premier trimestre 2022. Cette demande semble donc être une réaction directe au contexte économique actuel particulièrement tendu.

Le timing de cette demande n’est pas anodin. En effet, la Commission européenne a prévu d’interroger début 2023 les différents géants du web et de la télécommunication afin de légiférer sur le partage du coût des infrastructures. Pour l’heure, plusieurs pays européens se sont déjà montrés favorables à un tel partage des coûts. C’est notamment le cas de l’Espagne, l’Italie et la France. Ces derniers avaient déjà adressé leur propre lettre à la Commission européenne afin de l’inciter à aller dans ce sens.

Pour les FAI, des investissements supplémentaires dans les infrastructures pourraient avoir un avantage écologique. Ils citent notamment des rapports indiquant que la numérisation pourrait permettre de réduire les émissions de CO2 de jusqu’à 20%. Hors, leur capacité d’investissement est limitée et faire payer les géants de la Tech pourrait donc accélérer les investissements. Pour les FAI, la seule autre alternative face à une augmentation des investissements et des prix de l’énergie serait d’augmenter le prix que paie les consommateurs. Les FAI jouent également la carte de l’innovation, affirmant que l’Europe a raté de nombreuses opportunités depuis la création de l’Internet grand public et qu’elle doit désormais investir pour se préparer à l’arrivée des métavers.

Au-delà des géants de la Tech et des FAI on devrait également retrouver Nokia et Ericsson à la table des négociations. Et pour cause, il s’agit des deux principaux constructeurs d’infrastructures 5G en Europe.