L’administration Trump poursuit sa guerre contre la Chine sur tous les fronts. Bien avant TikTok et Wechat, sa première cible était Huawei. Après avoir perdu sa licence Android la firme chinoise s’était vu offrir une licence temporaire pour lui permettre de transitionner vers un autre système d’exploitation. Cette dernière vient d’expirer, laissant ainsi Huawei sans licence Android.
Le gouvernement américain a annoncé que de nouvelles filiales de l’entreprise chinoise se voient interdire le commerce après les entreprises américains. Ce sont 38 filiales qui sont concernées par cette mesure, poussant ainsi le total des filiales interdites à 152. Ces nouvelles interdictions s’accompagnent de la fin de la licence temporaire accordée à Huawei pour utiliser Android. Les smartphones de la marque ne pourront donc plus recevoir de mises à jour de leur système d’exploitation. L’avenir est également incertain quant aux futurs modèles de la marque.
Wilbur Ross, secrétaire au commerce des Etats-Unis, explique que la licence accordait à l’entreprise en mai visait à lui permettre d’opérer une phase de transition afin de se préparer à la perte de ses partenaires américains. Cette phase viendrait donc de prendre fin. Il a déclaré : « La licence a fourni une opportunité pour les utilisateurs d’appareils Huawei et les fournisseurs de télécommunication de continuer à exploiter temporairement ces appareils et les réseaux existants tout en accélérant la transition vers d’autres fournisseurs ».
Huawei pourrait donc abandonner Android au profit de son propre système d’exploitation, HongMengOS ou HarmonyOS. Ce dernier avait été révélé en août 2019 alors que l’entreprise commençait à subir la pression américaine. Il a été conçu pour équiper non seulement les smartphones, mais également les smart TV, les enceintes connectées et divers capteurs. Pour le moment, HarmonyOS est disponible uniquement en Chine. L’entreprise avait prévu d’étaler son lancement sur une période de trois ans, toutefois les décisions américaines pourraient la forcer à accélérer son calendrier. Une stratégie qui pourrait s’avérer dangereuse pour plusieurs raisons. Premièrement, bien qu’HarmonyOS puisse rencontrer le succès en Chine, il est difficile d’imaginer un nouveau système d’exploitation et obtenir des parts de marché similaires à Android et iOS ou bien même attirer des développeurs. De plus, il est peu probable que les consommateurs occidentaux fassent confiance à un système d’exploitation produit par une société chinoise.
Le système d’exploitation n’est pas la seule composante à poser problème aux smartphones du fabricant chinois. En effet, ce dernier pourrait se retrouver à court de puce pour fabriquer ses smartphones. La puce utilisée, la Kirin 9000, bien que conçue par les ingénieurs de la marque pourrait être concernée par l’interdiction. En effet, la fabrication est sous-traitée à la firme TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Co.) qui utilise des technologies de fabrication américaine. C’est Yu Chengdong, CEO de Huawei qui a lui-même révélé cette information au cours d’un forum des industries technologiques. Il a par ailleurs précisé que Huawei est incapable de fabriquer ses propres puces. Il semblerait donc que la période de transition était insuffisante à Huawei pour lui permettre d’être prêt à travailler sans ses partenaires américains. Il reste donc à voir si l’entreprise parviendra malgré tout à produire de nouveaux appareils rapidement.