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L’État français s’apprête à lancer Alicem, l’accès aux services publics par reconnaissance faciale

Publié le: 21/11/2019  |  Par: Guide Informatique  
L’État français s’apprête à lancer Alicem, l’accès aux services publics par reconnaissance faciale

Le gouvernement français s’apprête à publier son application Alicem (Authentification en ligne certifiée sur mobile). Il la décrit comme « la première solution d’identité numérique régalienne sécurisée ». Concrètement, Alicem permettra, depuis une même application, d’accéder à de nombreux services publics en ligne comme les impôts ou la caisse d’allocation familiale. Alicem s’inscrit dans une initiative de modernisation de l’administration française. Pour obtenir un identifiant Alicem, un utilisateur devra scanner un titre équipé d’une puce biométrique. Cela limite déjà l’accès à l’application aux personnes détenant un passeport ou un titre de séjour. L’application demande ensuite à l’utilisateur d’enregistrer une courte vidéo de son visage, de différents angles et en clignant des yeux. Elle la compare ensuite à la photo du titre biométrique pour accorder ou refuser l’accès. L’identification biométrique a été démocratisée par les smartphones depuis 2011, qu’il s’agisse d’un scan de l’empreinte ou de reconnaissance faciale, mais c’est la première fois qu’un service public le propose comme mode d’identification.

Cela a causé une importante polémique, notamment parce qu’il n’y a pas d’autres moyens de se connecter à Alicem. Sur un téléphone, si on ne veut pas utiliser le scan de l’empreinte, on peut toujours utiliser un mot de passe. Avec Alicem, il n’y a pas d’autres solutions que la reconnaissance faciale. C’est pourquoi la Quadrature du Net, association de défense des droits et libertés des citoyens sur internet, a lancé un recours contre Alicem devant le conseil d’État. La CNIL, Commission nationale de l’informatique et des libertés, s’est également opposée au projet. Ces oppositions s’appuient sur un article du RGPD qui interdit le traitement de certaines données sensibles dont les données biométriques. Cette interdiction est levée à condition que l’utilisateur donne son consentement explicite au traitement de ses données. Dans le cas d’Alicem le consentement n’est pas considéré comme libre puisqu’il est fait par défaut en l’absence d’alternative. La Quadrature du Net considère donc que l’État bafoue les droits des citoyens.

Malgré ces oppositions, le gouvernement d’Emmanuel Macron a décidé de maintenir le projet tel quel, allant même jusqu’à avancer la date de mise en place, initialement prévu pour Noël, à novembre. Un lancement qui inquiète notamment car le gouvernement décrit Alicem comme la « préfiguration d’un service plus large d’identité numérique en cours de conception dans le cadre du programme interministériel mis en place en janvier 2018 ». L’objectif final est d’atteindre un accès dématérialisé à 100% des services publics au cours de l’année 2022. Il est donc d’autant plus inquiétant de penser que dès les prémices du projet le gouvernement ne respecte pas le RGPD et instaure la reconnaissance faciale comme clef de voûte de son système de sécurité. Du point de vu de la sécurité des données, Alicem effectuera l’intégralité de l’analyse directement sur le téléphone et les vidéos de sécurités seront supprimés dès la fin de l’opération. Il reste également à savoir à quel point ce système de reconnaissance faciale est fiable. Si de nombreux producteurs de smartphone proposent l’option, pour la plupart le système peut être berné par une simple photo.

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